En pratique de ville, que valent les scores de prédiction de l’embolie pulmonaire ?

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En pratique de ville, que valent les scores de prédiction de l’embolie pulmonaire ?

S’il est un diagnostic difficile en médecine générale, c’est bien celui d’embolie pulmonaire. Par précaution, de nombreux patients sont dirigés vers les urgences et certains travaux montrent que seulement 10 à 15 % des cas adressés pour suspicion d’embolie pulmonaire en sont véritablement.

Des modèles de prédiction du diagnostic d’embolie pulmonaire ont été élaborés, mais ils l’ont été le plus souvent dans des services d’urgences hospitaliers et sont difficilement applicables à la pratique quotidienne d’un médecin de ville. Dix modèles prédictifs ont ainsi été recensés par une équipe hollandaise dans l’objectif de les faire évaluer par des médecins « du premier recours », médecins généralistes qui reçoivent en premier lieu ces patients et ne disposent pas du même plateau technique que les hôpitaux. M.T. Hendriksen et coll. en ont retenu seulement 5 qu’ils estimaient utilisables par des médecins de ville : le score de Wells original, le score de Wells modifié, le score de Wells simplifié, le score de Genève révisé et le score de Genève révisé simplifié.

Score de Wells simplifié pour la sensibilité et score de Genève révisé simplifié pour la spécificité

La capacité de discrimination de ces 5 scores est sensiblement comparable. Il se dégage toutefois un léger avantage pour les scores de Wells en termes de sécurité. C’est le score de Wells simplifié qui obtient la meilleure sensibilité (96 %) et le score de Genève révisé simplifié la moins bonne (88 %). C’est ce dernier en revanche qui obtient la meilleure spécificité (53 %) alors que le score de Genève révisé est le moins spécifique (48 %). Mais quelque soit le test utilisé, 3 patients sur 10 sont classés à tort comme ayant une faible probabilité d’embolie pulmonaire qui ne sera diagnostiquée qu’après que le patient ait été adressé aux urgences.

Les auteurs conseillent aux médecins généralistes d’utiliser plutôt la version simplifiée du score de Wells, combinée avec le dosage des D-dimères. Une embolie pulmonaire peut alors être exclue dans 4 cas sur 10 patients suspects, avec un taux d’échec acceptable, inférieur à 2 %.

Score simplifié de Wells

Score de Genève modifié simplifié

Références

Hendriksen M.T. et coll. : Diagnostic prediction models for suspected pulmonary embolism: systematic review and independent external validation in primary care. BMJ 2015;351:h4438